Le pOint
Août-sept 2006  




Conseil & Informatique
Interview: Claude Czechowski
P-dg de CSC Europe de l’Ouest

Avec une croissance supérieure à 30% pour 2005 et le recrutement de plus de 700 consultants sur un an, CSC caractérise bien cette reprise du secteur conseil français observée en 2004 et qui n’a cessé de s’amplifier depuis lors


Claude Czechowski, la croissance est bien là et votre société illustre ce retour en force du secteur conseil. Peut-on passer en revue vos chiffres pour l’année écoulée?

Claude Czechowski: On constate un retour à la croissance depuis 2005 et qui se poursuit sur 2006. Elle aura permis d’atteindre près de 354 millions d’euros générés par 2100 collaborateurs et permis le recrutement en 2006 de 700 nouveaux collaborateurs, ce qui représente un accroissement de plus de 300 consultants si l’on tient compte du turn-over. Ce recrutement important en 2006 suit la croissance de nos revenus..


Comment se répartissent vos diverses activités aujourd’hui?

Claude Czechowski: En 2005, 70% du CA en France a été réalisé grâce à nos prestations de Conseil et de Business Solutions (amélioration de la performance, pilotage et mise en œuvre des solutions d’entreprise), et 30% en outsourcing.


Quels sont les faits marquant pour 2005 et 2006?

Claude Czechowski: Pour 2005, les recrutements bien sûr, mais surtout une croissance supérieure à 30% de notre CA (18% de croissance pour l’activité conseil, 40% pour l’Outsourcing).
Nos métiers sont donc en croissance, et l’intégration des métiers Conseil-Outsourcing est également de plus en plus forte. CSC ne fait pas d’outsourcing «traditionnel», mais en accompagnement du changement, dans l’organisation et dans les Processus. De même,sur le conseil, nos prestations intègrent bien trois dimensions :  la connaissance du secteur, des processus et des solutions.  Autre fait marquant : celui de la croissance de nos activités dans les services financiers. CSC a accompagné trois des cinq grandes fusions bancaires qui ont eu lieu en France récemment, notamment Calyon. Nous venons également de gagner un projet de post-fusion, celui de Groupama. Cette grosse opération consiste à rassembler produits et processus autour d’une seule plate-forme et devrait prendre trois à quatre ans. Nous travaillons également avec  les banques et les compagnies d’assurance sur les chantiers de réforme comptables et financières (Bâle II, etc.).


Et c’est là que vous intégrez métiers et informatique? 

Claude Czechowski: En effet sur ces sujets on intègre comptabilité, banque, solutions (telles que les ERP). Ce qui exige la connaissance des métiers, des processus et des solutions : que ce soit SAP Finance au GAN et chez Generali, ou Oracle Finance chez Predica (filiale du groupe Crédit Agricole). Parallèlement à ces opérations Oracle, PeopleSoft et SAP nous avons aussiété sollicités, dans le cadre de Bâle II, sur des projets de gestion des risques, par exemple à la Société Générale, chez Natexis Banques Populaires, et  à la Caisse d’Epargne - sociétés pour lesquelles nous avons mis en œuvre des solutions de gestion des risques et de gestoin bancaire telles que Fermat, Calypso, Olympic,  SAB... Pour cela nous avons des équipes dédiées métiers et solutions.


Combien de collaborateurs sont concernés par ces grands chantiers dans la banque- assurance?

Claude Czechowski:  Sur la banque, nous comptons 250 spécialistes métiers et 250 spécialistes solutions, soit 500 consultants. Pour l’assurance, nous avons 50 spécialistes métiers et 350 spécialistes solutions. En 2005, la croissance a été extrêmement forte sur ces deux secteurs (+ 50%), d’où notre recrutement de plus de 500 personnes. Nous sommes la société qui a enregistré la plus forte croissance dans ce secteur.


Est-ce à dire que le secteur bancaire qui traversait des problèmes de sureffectifs pour les banques de détail et de faible compétitivité pour les banques d’investissement, notamment à l’international, serait sur la voie d’une réforme?

Claude Czechowski:  Il y a deux choses. D’un côté, un phénomène réglementaire qui entraîne un investissement  lourd, et de l’autre une évolution des processus visant à l’industrialisation des flux. Les organisations bancaires n’étaient pas axées sur la standardisation. Elles étaient plus focalisées sur le reporting que sur les flux. Il leur faut aujourd’hui remettre en cause toute la chaîne de production de valeur ( métiers, organisation, management, processus). Ce mouvement se fait dans le cadre de post-fusions et vise à une augmentation des parts de marché. Ce marché se concentre aujourd’hui autour de quelques acteurs qui doivent de fait rationaliser leur back-office et se conformer aux nouvelles normes pour partir à la conquête de l’international. Dans l’ensemble, j’observe une augmentation de la qualité de service aux clients, que ce soit en mouvements et gestion de portefeuilles ou en banque de détail. Toutefois la différentiation devient essentielle. On observe ainsi une augmentation de la qualité de service vers la clientèle à haut rendement, parallèlement à l’industrialisation des services pour les clientèles plus généralistes. Ce clivage fait qu’il va y avoir un mouvement des consommateurs vers plus de spécialisation. Par ailleurs, les banques commencent à anticiper l’ampleur du départ des enfants du papy boom.


Que les banques se transforment, on l’imagine aisément, elles en ont les moyens. Mais il reste que les sondages montrent que les français ne sont pas satisfaits de leurs banquiers qui passent de plus en plus pour de coûteux gardiens de parking automatique.

Claude Czechowski:  Pour la gestion des moyens de paiement et des services bancaires, l’introduction d’une tarification de ces services sans aucune modification en matière de rémunération des comptes de dépôt génère des frustrations chez les clients.


Donc le mieux serait encore à venir ?

Claude Czechowski:  Le secteur bancaire fait encore face à des investissements et des projets d’ordre réglementaire ou de reporting. La différentiation sur le service au client est, pour autant, en cours avec l’utilisation du média Internet, notamment.

CSC voile


Il reste que c’est pour vous un grand secteur sur lequel vous serez amené à poursuivre votre travail d’accompagnement du changement. Quels sont les autres domaines en pleine évolution dont vous vous occupez?

Claude Czechowski:  Oui, le bancaire est notre premier secteur. Mais nous sommes aussi très présents dans la distribution et les services aux consommateurs... On travaille beaucoup sur chacun de ces secteurs sur le « modèle de pilotage », l’intégration de la –chaîne logistique,  la gestion de la relation client (CRM), les catalogues, le référencement et l’on met en place des solutions telles que PeopleSoft ou encore SAP - Retail. Nous assistons, comme dans le secteur bancaire, à des phénomènes de fusions-acquisitions, d’investissements et d’européanisation. Nos grands clients dans ce secteur de la distribution sont des entreprises comme : Lapeyre, Metro, Etam, Decathlon, la FNAC, Casino, Galeries Lafayette... Dans le secteur de l’énergie, il s’agit d’EDF, de Veolia, de GDF, de Poweo.... Sur ce secteur, nos interventions concernent l’amélioration des services et la gestion de la production ou de la maintenance. Le secteur doit également répondre aux enjeux de la  dérégulation européenne.


On vous dit aussi très présents dans le secteur aérien. Réminiscence certainement du savoir initial de CSC qui, rappelons le, a commencé dans l’informatique embarquée pour la NASA

Claude Czechowski:  En effet. Nous intervenons aujourd’hui beaucoup plus sur la «gestion» que sur le volet scientifique, mais nous avons conservé les valeurs inculquées par la pratique de l’informatique scientifique (telles que le «zéro défaut», ou la gestion des programmes complexes). Nous travaillons notamment avec Airbus. Aujourd’hui, il faut savoir lancer sur le marché un avion, une  voiture plus rapidement. Il faut également savoir déployer une infrastructure plus vite. Le transport est aussi un secteur qui compte pour CSC avec de grands clients dans l’aérien tels Air France ou Aéroport de Paris. Dans les transports terrestres, nous comptons des clients comme la SNCF, la RATP et d’autres. Les chantiers qui nous préoccupent sont centrés autours de l’industrialisation, des achats, de la finance avec des solutions type PeopleSoft. Il y a aussi beaucoup de projets d’amélioration des services aux clients etd’amélioration des opérations. Chez Air France, par exemple, nous nous préoccupons de la maintenance et des processus entourant les services industriels en exploitation.


Ce qui me permet une transition. Aujourd’hui les compagnies aériennes externalisent de plus en plus leur maintenance, ce qui est d’autant plus facile que les avions peuvent rejoindre des centres d’entretien situés partout dans le monde. Le phénomène est encore plus important en informatique où la production se délocalise. Aussi, s’agissant d’Outsourcing et d’ Offshoring, comment se décline l’action de votre cabinet, notamment dans l’automobile?  

Claude Czechowski:  Tout dépend de la nature de ce que l’on fait. Dans le secteur automobile par exemple, les constructeurs et les fournisseurs sont déjà globalisés et ont donc besoin d’être accompagnés mondialement. Ils sont donc présents sur leurs pays d’origine et dans les pays émergeants. C’est le cas, par exemple, de Renault avec qui CSC a signé, en 2005, un contrat de gestion d’infrastructures pour aider le constructeur à se doter d’une informatique compétitive au niveau mondial.. Nous travaillons aussi avec PSA Peugeot Citroen pour la gestion de ses pièces détachées autour de SAP. Nous travaillons beaucoup avec les deux constructeurs nationaux mais aussi avec BMW, Ford, Jaguar et Nissan. Et pour cet accompagnement nous capitalisons sur des plates-formes et centres de services à Hyderabad et New Delhi en Inde, en Bulgarie, en Hongrie.


Pourquoi ces localisations ?

Claude Czechowski:  Il existe un réel besoin pour l’offre de ces pays. Nous essayons donc d’être présents là où les niveaux de formation permettent d’avoir un marché de recrutement assez large. En France, nous proposons un service à valeur ajoutée, mais dès que le besoin peut être satisfait par une approche industrielle, nous recourons à l’Off-shoring, à la demande de nos clients.

 
Comment se situe votre marché Offshoré par rapport à celui réalisé en France?

Claude Czechowski:  Nous sommes un acteur important, même si ça reste faible en France. Seulement 7% de l’activité est offshorée.


Votre société poursuit son développement. On est loin aujourd’hui de la reprise de Peat Marwick. Des acquisitions récemment?

Claude Czechowski:  Non, pas pour l’instant. La croissance de CSC est uniquement organique depuis cinq ans, date de notre dernière acquisition (Kalchas Consulting au Royaume-Uni). Notre objectif est d’avoir une croissance vertueuse, donc organique. Et comme celle-ci est forte nous pourrons envisager de la croissance externe dans l’avenir, mais ce n’est pas un objectif en soi. Le problème des acquisitions, c’est leur prix, mais surtout leur rentabilité, évaluée en fonction de la part de marché que l’on s’offre. Si le ROI n’est pas élevé, ce n’est pas la peine d’élargir son activité. En revanche, accroître sa part de marché avec de la croissance organique, c’est à la fois le gage d’un ROI fort et celui de l’exemplarité puisque cela devient un modèle de développement pour les consultants, les managers et les partners. Depuis deux ans, ce modèle de développement fonctionne d’ailleurs très bien pour nous. Dans sa dernière enquête sur les sociétés préférées des informaticiens, le journal 01 Informatique a classé CSC en seconde position. CSC s’est classée première dans les catégories «intérêt du travail» et «développement de carrière à long terme». On peut donc penser que notre modèle est vertueux.


Où se situe la certification ISO 9001 : 2000, que vous avez accrochée cette année, dans tout cet ensemble?

Claude Czechowski:  On était certifié dans beaucoup de secteurs mais nous avons souhaité le formaliser également pour le «secteur public» et nos activités de gestion d’infrastructure. Et ceci vient en complément de notre application de la loi  Sarbanes-Oxley. Ceci nous permet d’afficher pour les clients du secteur public une capacité à mettre en application des principes vertueux que nous recommandons par ailleurs. Nous avons mis en place cette certification dans des délais classiques de trois à six mois. Le certificat concerne l’activité française. Et vous l’avez bien compris, notre stratégie c’est d’être là dans la réforme de l’État.

CSC voile


Faire les choses bien, et plutôt rapidement, on reconnaît là les caractéristiques des compétiteurs. Parlez nous un peu de votre présence dans la voile, les sports en général et le Tour de France en particulier

Claude Czechowski:  C’est un peu étonnant pour nous, Français, et l’histoire mérite d’être contée. On était déjà depuis sept ans dans le Tour de France à la voile avec l’ESSEC et cette année avec HEC, l’EDHEC et Sup de Co Clermont Ferrand, pour favoriser nos actions de recrutement dans ces écoles. Pour le cyclisme, c’est une autre histoire. Il s’est agit au départ d’un projet lié à la réforme de l’État au Danemark. On avait ainsi repris DataCentralen (3000 personnes) qui s’occupait de la modernisation du secteur public danois. Le défi était d’accroître le positionnement commercial de cette entité et de créer localement la marque CSC. Nos collègues danois ont alors proposé de créer une équipe cycliste en jouant sur l’appartenance et la fierté scandinave. La notoriété est rapidement venue avec Laurent Jalabert et l’investissement a été nettement récompensé avec la signature du contrat avec le groupe aérien SAS en Scandinavie. Donc, un retour sur investissement fort en terme d’identité au travers du Tour de France cycliste et du Team CSC. Cette année, le Team CSC s’est classé deuxième du classement général par équipes du Tour de France et c’est un Espagnol de l’équipe, Carlos Sastre, qui a fini troisième sur les Champs-Elysées. Ce projet qui dure depuis cinq ans est devenu un partenariat mondial et a valeur d’exemple pour l’ensemble de l’entreprise CSC. Prenez Jens Voigt, l’Allemand vainqueur d’étape sur le Tour : il a fait la course en tête pendant 800 kilomètres, sur les 3600 que compte le Tour. Un tel panache se traduit également par une très forte exposition de notre marque à l’écran. Il n’est pas le seul : Frank Schleck, un Luxembourgeois, a gagné la grande étape de l’Alpe d’Huez, deux Américains qui se sont distingués dans le «contre la montre».. Sans oublier le Suisse Fabian Cancellara, champion du monde du contre-la-montre !


Un retour direct donc sur les clients et la cohésion des équipes CSC à l’international?

Claude Czechowski:  Oui. D’ailleurs les directeurs sportifs sont un Danois, Bjarne Riis, et un Français, Alain Galopin, ancien directeur sportif de Laurent Fignon. On retrouve ici encore ces deux composantes, identitification locale et couverture de l’événement au niveau international. Les équipes opérationnelles de CSC partagent ces mêmes valeurs dans tous les pays, et montrent qu’elles peuvent travailler ensemble tout en affichant une performance intéressante.


Petit soucis de dopage qui devient un classique dans ce sport ?

Claude Czechowski:  Il y a ce point qui est en effet apparu en Espagne.  On attend les résultats de l’enquête pour prendre une décision quant à l’avenir du coureur.


Notre confrère Les Echos a annoncé à la mi-août une suppression de 2600 postes en Europe. Au vu des excellents résultats français on imagine que cela ne concerne pas la France?

Claude Czechowski:  Non, la France n’est pas concernée comme en témoigne notre campagne de recrutement. Nos attendons 700 recrutements cette année. Les postes concernés par ce plan se situent principalement en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Italie.


Claude Czechowski peut-on en conclusion de cet interview esquisser les grandes ligne de CSC pour l’avenir?

Claude Czechowski: Nous tablons sur une croissance de +10 à +15% en 2006, et en 2007 je pense qu’on aura recours à de la croissance externe. On va continuer à se renforcer dans les métiers qui sont les nôtres : d’un côté le conseil, de l’autre l’Outsourcing.


L’Outsourcing était votre axe de développement  principal en 2002 - 2003, et les chiffres le prouvent aujourd’hui. Le conseil serait-il l’axe principal pour le proche avenir?

Claude Czechowski:  Le conseil est pour nous une dimension clé de notre activité. Une croissance organique de 15% est une belle performance. Nous ne souhaitons donc pas faire de la croissance externe sur ce métier pour l’instant.


Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef
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Claude Czechowski


Pour info :
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Claude Czechowski

Images :
Courtoisie Direction de la communication de CSC




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